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       L’ermite me demande pourquoi la promotion  de l’aviation ? pourquoi ressusciter un fils d’ouvrier dans les Sciences avancées et dans l’invention permanente ?  Pourquoi solliciter les jeunes à pratiquer les maths et la physique avancée, pourquoi se consacrer  à  la  science ?  Réponse : lire" Ader aérien: un ingénieur toulousain" publié aux editions saint Honoré Paris, 2020

     La protection de la nature  n’est pas abstraite  ,vague dans ses formes,  c’est l’observation de la nature qui est le moteur du progrès humain maitrisé. Ce jeune « savant »  inventa l’avion parce qu’il aimait les grands oiseaux voiliers : cormorans et mouettes, le vélocipède parce qu’il était sportif, le téléphone parce que ça allait devenir la mode et que ça rapportait gros !  etc. ..

     

    Justification scientifique :  au sujet de « Cl. Ader : sens pratique et observation » : tout est dit  par Pierre Gilles de Gennes  au sujet d’Ader : « Savoir observer est un talent précieux  et mal cultivé  dans nos études. Le système français n’est pas très favorable au sens pratique ... Nous fabriquons des dizaines de milliers de « taupins » chaque année et peu d’observateurs »  p207  de  L’Extraordinaire  Pierre Gilles de Gennes  prix Nobel de physique , O.  Jacob 2017

     

    Mon livre intéressera, j’espère, les jeunes gens, les parents et les enseignants de matières scientifiques.  Nous sommes au dernier rang en Europe, en connaissances mathématiques, quant aux élèves de 12 à 14 ans. Après avoir eu de nombreux savants au siècle dernier, nous ne pratiquons plus les sciences avancées et nous ne les enseignons plus avec efficacité ;l’exemple de Cl. Ader peut   contribuer à renouveler l’intérêt scientifique des jeunes gens. Qui est-il : un fabricant industriel ? un créateur ingénieux ? un inventeur hors pair de machines volantes, un champion cycliste  ? un  inventeur d’avions, qui a déposé  plus de 150 brevets entre 1780 à 1900 et   entre autres :  patriote  et  écrivain !

      Il commence l’école à 3 ans, le Lycée à 10, bachelier ès sciences à 16, et ingénieur à 21ans : un destin socialement improbable. Comment un fils du peuple est-il devenu un grand scientifique reconnu dans le monde par son dépôt de 120 brevets, inventeur en toutes catégories de machines et de mécanismes ? « Emparez-vous de vos écoles dirait Ader aux enfants   pour devenir de jeunes savants ».  Une formation scientifique se donne-t-elle en priorité en famille, à l’école ou en société ? Qu’arrive-t-il si l’enfant appartient à un milieu   non tourné vers l’industrie, s’il est un fils du peuple, observateur de la nature et des oiseaux, soutenu par   sa famille, où l’on tolère les essais   périlleux aux adolescents qui « aiment » les lois de la physique, jusqu’à  les expérimenter  à leurs risques?   Ce livre souligne combien l’Occitanie, a été un domaine d’essais industriels avec des formations techniques de valeur, des universités scientifiques, pour rattraper « Paris », voire le dépasser. Comment passer d’innovations astucieuses en vue du progrès de la circulation (train, vélo, auto) à une invention telle que l’avion ?  Qu’arrive-t-il à un inventeur patriote, si c’est l’ennemi qui s’empare de ses prévisions aéronautiques alors que son pays les refuse ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    .    Auteur Jean Peneff  sociologue, descendant  de Cl. Ader , né dans la banlieue de Toulouse, a bénéficié de documents familiaux. Il  est professeur émérite de l’université de Provence ; il a enseigné  auparavant à Alger et à Nantes, ; il fut « visiting professor » à Chicago.  Ses dernières publications :La France malade  de ses médecins( 2005, Seuil ),  Le gout de l’observation, (la découverte ,2012)   et  H Becker : sociologist and musicien   in  the « Ecole  de Chicago » 2018, ( Routledge , New York). Et douze autres livres, portant sur l’ethnographie et l’observation participante. A pris sa retraite dans un tout petit village d’Isère, à la limite du Parc National des Ecrins, pour être loin de l’agitation moderne et se consacrer à l’écriture.

    Il a dirigé plusieurs thèses, il est l’ami proche de Howard Becker, et de bien d’autres sociologues américains de l’école dite de Chicago.

     

     


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  • Si je me suis retiré « tôt »  (62ans) , c’est  pour réfléchir à toutes ces circonstances, en tout cas, ne plus orienter  dans une voie sans issue,  puisque faiblement reconnue. L’ethnographie par observation, une fois les diplômes acquis, n’est guère validée professionnellement. Je le déplorais. Bien de mes collègues américains firent de même   choisissant une retraite précoce). Le vent est peut-être en train de tourner.  Il y a des conjonctures favorables et d’autres non. Il
    . Les auteurs qui font partie de cette bibliothèque se rejoignent, dans l’octroi au lecteur, d’éléments de jugements, sur leur propre milieu et biographie, insinuant la notion de relativité sociologique au moins temporelle (étude de cas et des cas, il y en eut des milliers). Alors, pourquoi, pour un sociologue, donner autant de renseignements biographiques sur sa propre formation et son appartenance de classe, comme je le fis : nombrilisme, indécent exhibitionnisme ? Non ! car chaque sociologie est le reflet de la trajectoire d’un auteur et de l’histoire de son milieu. L’expérience sociologique est en partie cachée par les sociologues eux-mêmes, parfois de manière consciente, ou alors pas dans toutes ses dimensions.  Le sociologue croit ou feint de croire qu’il est au-dessus des déterminations et des influences, au-dessus de la mêlée. Que ses intérêts propres le mettent hors de portée des effets qu’il décrit chez les autres. Bref, comme on l’a dit auparavant, il n’est pas hors du monde et  sa  légitimité   à expliquer   d’autres sociétés,  dépend  de sa compétence à se juger lui-même ! Il n’a pas le pouvoir d’échapper aux mécanismes qu’il décrits à propos des autres milieux ; sa capacité de tout appréhender est utopique : il ne suffit pas d’obtenir ses diplômes, ou bien la fonction et le poste !  Et il doit dire depuis quel promontoire, il parle, puisqu’il est lui-même objet de sociologie. Sa prétention à étudier une idéologie ou des comportements d’autrui, est fictive, s’il se croit  au-dessus de toutes les sciences, des courants ou des modes de pensée, dont il trancherait radicalement, de par un effet de supériorité auto-définie. Trop souvent le sociologue est juge suprême des autres pratiques : ce qu’il dit sort de la botte de Dieu, position commune en France, marquée de Grands Hommes-symboles et l’un, particulièrement, qui vient d’ailleurs de ma région natale, et  que je suis allé observer, pour mieux saisir ce qu’il ne nous avait pas totalement révélé. Il n’y a pas de mauvais « terrains » puisque tout est terrain !

    Alors, jeunes  apprentis, comme nous le fûmes, modestes ethnographes  : si vous pensez  que vous êtes un élément du groupe que vous étudiez : il est plus sage de dire d’où vous venez , ce que vous avez appris de votre milieu , reçu de votre éducation  et des « épreuves » que vous traversées, puisque vous êtes une pièce du mécanisme que vous  rapportez dans votre travail , votre thèse ou  vos écrits.  Votre biographie comporte des éléments idéologiques comme les autres : vous ne vous êtes pas extrait miraculeusement des déterminations de vos congénères ! Pas plus que vos intérêts du moment ne seraient des composantes de vos jugements ! Donnez donc au lecteur, tous les éléments qu’il doit connaitre pour vous juger, pour mieux comprendre votre « point de vue », puisque vous n’avez aucun droit supérieur à l’extra-territorialité, à l’évitement des effets de cause sociale, interprétés subjectivement. Selon votre réponse, vous donnerez ou non, au lecteur ou à l’étudiant, le maximum de renseignements sur vous-même, afin qu’il perçoive de quel point de vue de classe sociale, vous parlez. Tout livre de sociologie devrait comporter un important élément de biographie de l’auteur, bien différent des 3 ou 4 lignes de dos de couverture !

    C’est pourquoi j’affirmé, haut et fort, que chacune de mes interprétations sociologiques est un effet retravaillé et élaboré de ma trajectoire, une composante de mon milieu et, ensuite   seulement, un effet de la situation ancienne ou présente. Les classes moyennes, demi- rurales, en ascension rapide, ont été, après la guerre, le support de la sociologie que j’ai faite (ce que d’autres cachent soigneusement à travers l’exigence « d’objectivité ») : voilà les faits ! Pour bien observer, il faut avoir un angle de vue déjà  éprouvé   selon des orientations qui viennent de loin. Ce sont de phénomènes de générations et d’époque : un sixième sens, qui s’« hérite » d’une classe d’âge  à l’ autre. Je concède que mes réflexions n’évoquent pas le fait qu’observer n’est pas « analyser » ; pas plus que mesurer ou contrôler, n’est expliquer. Ces pages étaient juste là pour rappeler un point d’histoire à ceux qui feront l’histoire de cette « méthode » intelligente. C’est pourquoi j’ai souvent pensé, en l’enseignant, qu’elle ne s’apprend pas vraiment, mais qu’elle appartient à un temps révolu ou bien à une conjoncture spécifique :métropoles  avec Noirs et étrangers
    Au final   que conclure l’observation participante précoce ? » D’abord dans la vie, ça sert à faire de bons choix, au bon moment, cad, les plus cruciaux de l’existence. Par exemple j’ai su « naviguer » au mieux en Algérie et dans l’armée, en observant les sous-officiers et en jugeant avec mes collègues, les issues possibles à des problèmes éthiques apparemment insolubles. Ça m’a servi plus tard à trouver le ton juste dans mes relations avec Verret, louvoyant entre son autoritarisme fraternel et une impulsivité de jugement. Cela me servit également à constituer une opinion politique éprouvée à partir de faits constatés, non des idéologies ou des  « éthiques » politiques. Entre 20 et 25 ans nous nous sommes  « fabriqué » un jugement sur les deux géants, se faisant une sérieuse guerre froide : L’URSS et les USA . Je suis allé dans les pays de l’Est plusieurs fois pour observer le communisme en action, et en Amérique, les problèmes raciaux. En Russie ou ailleurs, mon principe immuable était : aller voir pour savoir ; observer réellement, directement, avant de juger. Mais dans tous les cas, il fallait sortir des sentiers battus, de routes balisées et des voyages  « organisés », ainsi que des clichés et des préjugés. Dans un cas, je partis en URSS mais ne suivis, en aucun cas, le circuit imposé par Intourist, l’organe officiel, et  cela, à mes risques et périls,  ( mais je parlais  un peu la langue). Dans l’autre cas : en Amérique, je refusai d’éviter les problèmes soigneusement occultés, soit en faisant du stop pour discuter au hasard, soit en « visitant »  les Ghettos et banlieues chaudes : ce qui m’avait été fortement déconseillé par mes amis ou des collègues. Toujours l’adage : « Aller voir pour savoir ; toucher directement le problème ». Bien entendu, j’eus, comme annoncé, de petits ennuis : arrestation par la Stasi  ou saisissement de la population noire  quand ils virent un Blanc qui se promenait tranquillement chez eux : ils n’avaient jamais vu ça !  Ces menus événements n’eurent heureusement aucun conséquence grave ; je pus limiter les dégâts et gérer une sortie honorable.  Ce sont de incidents ordinaires à tout exercice de la curiosité sociale, ce sont les à-côtés risqués de l’observation directe. En tout cas, mon opinion fut faite, pour longtemps (c’est- à -dire aujourd’hui) sur le communisme et le capitalisme. Mais je la gardais pour moi ou la partageais avec ma femme, plus tard, quand nous amenâmes nos enfants, faire là, dans ces pays, leurs propres expériences personnelles d’observation. En conséquence, pour moi, le bilan est amplement positif : c’est pourquoi je promus cette méthode auprès de multiples générations d’étudiants, avec plus ou moins de succès, comme on l’a vu .Les incidents ordinaires à tout exercice de la curiosité sociale sont les à-côtés risqués de l’observation directe. En tout cas, mon opinion fut faite, pour longtemps sur ces deux modalités du communisme et du capitalisme ou au sujet des phénomènes  culturels qu’on nous enseignait ou alors analysés  hors  de leur contexte.  Que la sociologie, dite du peuple soit aussi pauvre  fait douter de  l’avenir de la discipline

    Voilà pourquoi je destine ces livres aux  étudiants  , afin  qu’ils aient la chance,  même biaisée,  de lire des auteurs  qui furent des personnalités aux qualités humaines remarquables  et qu’ils aient  ainsi  l’aubaine,  de croiser des sociologues, portés aux mêmes inclinations, convictions et pratiques,  heureux de partager leurs « secrets » et leurs goûts. Et surtout qu’ils n’oublient pas que : « Pour être radical, un empiriste  ne doit admettre, dans ses constructions,  aucun élément dont on ne fait pas directement l‘expérience et n’en exclure  aucun élément  dont on fait directement l’expérience ».  Je suis sûr que les jeunes lecteurs de ce Don de bibliothèque américaine » sauront en faire usage, afin de mieux comprendre leurs prédécesseurs. A leur tour, de poursuivre un mouvement d’idées qui a un grand passé :« Créez des dizaines de petites « Ecoles de Chicago » comme ces livres le suggèrent : Et si vous admettez ce postulat, je vous dirais comme Becker : « On fait quoi maintenant : Quelle sociologie, ?  Celle du terrain ou celle de la carrière ? » :  en m’appuyant sur le titre de son  passionnant  livre, au sujet de l’éducation « inconsciente » de jazzman  ,je vous dirais : « Quelles observations, on fait maintenant : l’ethnographie modeste ou la « glorieuse » sociologie ? ». Finalement, vous ne vous demanderez plus : « A qui ça sert  l’observation participante précoce ? »  Dans la vie, ça sert à faire de bons choix, au bon moment, cad, les plus cruciaux de l’existenceproblèmes raciaux.  Là ou ailleurs, mon principe immuable était : aller voir pour savoir ; observer réellement, directement, avant de juger. Mais dans tous les cas, il fallait sortir des sentiers battus, de routes balisées et de voyages  « organisés », ainsi que des clichés et des préjugé qui les accompagnent.». La politisation des jeunes gens d’alors  était alors une ressource que certains saisirent avec avidité
    En conclusion : « Jeunes  apprentis, comme nous le fûmes, modestes ethnographes  : si vous pensez  que vous êtes un élément du groupe que vous étudiez : il est plus sage de  commencer par étudier d’où  vous venez , par ce que vous avez appris de votre milieu , reçu de votre éducation  et des « épreuves » que vous traversées, puisque vous êtes une pièce du mécanisme que vous  rapportez dans vos écrits.  Votre biographie comporte des éléments idéologiques comme les autres : vous ne vous êtes pas extrait miraculeusement des déterminations de vos congénères ! Pas plus que vos intérêts du moment ne seraient des composantes de vos jugements ! Donnez donc au lecteur, tous les éléments qu’il doit connaitre pour vous juger, pour mieux comprendre votre « point de vue », puisque vous n’avez aucun droit supérieur à l’extra-territorialité, à l’évitement des effets de cause sociale, interprétés subjectivement. Selon votre réponse, vous donnerez ou non, au lecteur ou à l’étudiant, le maximum de renseignements sur vous-même, afin qu’il perçoive de quel point de vue de classe sociale, vous parlez.Tout livre de sociologie devrait comporter un important élément de biographie de l’auteur, bien différent des 3 ou 4 lignes de dos de couverture !   C’est pourquoi j’affirmai, haut et fort, que chacune de mes interprétations sociologiques est un effet retravaillé et élaboré de ma trajectoire, une composante de mon milieu et, ensuite   seulement, un effet de la situation ancienne ou présente. Les classes moyennes, demi- rurales, en ascension rapide, ont été, après la guerre, le support de la sociologie que j’ai faite (ce que d’autres cachent soigneusement à travers l’exigence « d’objectivité ») : voilà les faits  vécus par l’auteur !





    Je n’aurais jamais pu me servir de cette expérience pour aider mes étudiants, nouveaux venus dans l’univers étrange, pour eux,   des Facultés, ainsi que   ceux  que j’ai dirigés plus tard en thèse ou maîtrise,  ressentant une infériorité culturelle,  à  faire  valoir leurs qualités de  chercheurs au quotidien. Bref de manifester  leur avantage  de sensibilité aux petits « faits » significatifs sur un terrain quelconque et de  résistance aux emplois physiquement durs qu’ils prenaient comme sujets de maitrise ou de thèse. Dans leur enfance, ils avaient été    orientés, eux aussi, vers le « dehors » du cercle fermé familial : l’extérieur, la rue, le plein air, les petits jobs. Les choix intériorisés   étaient devenus irréversibles ; ils avaient là, un avantage déterminant en sociologie ethnographique, et ils ne comprenaient pas la « timidité » de autres étudiants, plus « classiques ».  C’est pourquoi les enfants qui migrent aujourd’hui, des enfants de la rue ou de village   sont   plus avantagés ; ils sont plus aptes à la compréhension de cet exercice, que les étudiants,  sauf ceux venus de très loin du milieu universitaire, plus disposés, quant aux compétences, aux  subtilités ethnographiques de la vie populaire. Ils ont été réceptifs à ce type d’enseignement, quand ils parvenaient à l’enseignement supérieur.  Ils auraient fait d’excellents sociologues, s’il n’y avait eu des barrages de classe ou de nationalité ; mais ces capacités ont « marché » ailleurs, cependant, pour eux. Cela les mettait à l’écart des risques de jugements trop ethnocentriques ou faiblement comparatifs, bref à l’écart des dangers qui guettent actuellement les étudiants pauvres en observations juvéniles.

    Je suis sûr que les  lecteurs de cette « bibliothèque américaine » sauront en faire usage, afin de mieux comprendre leurs prédécesseurs. A leur tour, de poursuivre un mouvement d’idées qui a un grand passé :« Créez des dizaines de petites « Ecoles de Chicago » comme ces livres le suggèrent : Et si vous admettez ce postulat, je vous dirais comme Becker : « On fait quoi maintenant : Quelle sociologie, ?  Celle du terrain ou celle de la carrière ? » :  en m’appuyant sur le titre de son  passionnant  livre, au sujet de l’éducation « inconsciente » de jazzman  ,je vous dirais : « Quelles observations, on fait maintenant : l’ethnographie modeste ou la « glorieuse » sociologie ? »
    Alors, jeunes gens, choisissez la socio dont l’époque à besoin ; trouvez  un domaine encore  mal connu. Voyez comment le luxe et l’intensité des communications et des mises en relations inter-individuelles par des outils non conçus par vos entourages, mais formatés pour vos soi-disant besoins et encadre pour perceptions propres ! Futurs sociologues :   ne craignez pas, à partir de faits concrets issus de votre terrain, de critiquer vos livres ou enseignements. Inventez vos modes d’enquête, vos normes d’écriture, vos codes de présentation.  Prenez votre liberté.

    FIN
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  • Je joins un texte  qui a été publié avec le reportage  souvenir de mon oncle paru  en 200O avec ses photos  de la Retirada  anniversaire  de  l'époque  où les réfugiés républicains espagnols  arrivant en France étaient mis dans les camps d'Argelès  etc  ; ceci  est  imposé par l'actualité : le rejet  actuel des "Migrants"  :

                    Quelques photos   du peuple
             De Manuel Moros, peintre : 1898-1975


         Moros  a été , dans son art, connu  parmi les peintres modernes du XXè: il a exposé   plusieurs fois à Paris ou à Perpignan.  Mais il a été aussi un remarquable  photographe  notamment des réfugiés espagnols ; il a été -et ceci est méconnu- l’observateur  des  plus humbles de ses contemporains  comme cela se  fît aux USA,  dans la grande tradition  ethnographique ( voir H. Becker: «  Exploring Society Photographically »  concernant les plus grands photographes, de M Mead à Douglas Harper),  un genre qui n’est  pas passéiste, mais indispensable  à la compréhension sociale.

     Rappel de sa situation : Il a été photojournaliste militant, fournisseur de documents imagés et engagés pour  la presse, documents  reconnus partout aujourd’hui grâce au travail    de E.  Forcada  et G. Tuban eux qui ont le mieux interprété  et présenté ses  photos  émouvantes de la Retraite espagnole de 1939  dans une très belle édition et un excellent commentaire des deux auteurs, édité à Perpignan   .Ces deux auteurs  ont  produit de nombreuses informations  biographiques sur Moros ( voir in fine l’étude   fouillée de E .Forcada), homme au destin  étrange et complexe.  Je voudrais, quant à moi, son neveu, évoquer  non le peintre, mais son activité de  reporter   spontané au sujet   d’une cause, celle du peuple  de  paysans , bergers, pêcheurs du Roussillon. J’admirais ces photos ; nous en parlâmes souvent : il m’a légué tout son stock dont je donne ici une idée   en les replaçant dans leur contexte   d’artiste peu conventionnel à la suite d’une enfance « errante ».
    Sa biographie est   inhabituelle et émouvante.  Rejeté, renié puisque accouché sous X : sa mère issue de la grande bourgeoisie parisienne, enfante de lui à 20 ans mais  célibataire , elle refuse de reconnaître   cet enfant « bâtard ». Le père lui le reconnaissant lui donne  son nom, et le confie à une nourrice ! Trois ans après, ce père, peintre Colombien, est rappelé dans son pays pour diriger une importante académie : Manuel désormais  seul est placé en orphelinat.  Il va être ensuite « à demi » récupéré par sa famille maternelle puisque sa mère le reconnait enfin   et le  placera   chez sa belle-mère (entre- temps,  cette mère a fait un bon mariage avec un homme d’affaires).  Cette vieille dame, pour Manuel, serra une  mère  bien que sans lien du sang. Il est interne chez les Frères de Noisy -le- Sec., toujours  sous le nom déclaré Moros. Donc  de père étranger, il n’obtiendra la nationalité française qu’à l’âge de 12 ans sur décision juridique.   Voir photo de mariage de sa mère,  ou elle est entourée de ses deux enfants dont  Moros – famille  catholique ancienne, « tradi » ; proche du pouvoir sous les  second Empire flirtant plus tard avec l’extrême-droite.
    Parcours chaotique que ne stabilisent pas de bonnes études chez les Frères éduquant les enfants de la bourgeoisie  « chic » de la banlieue parisienne . Il sera laissé pour compte une seconde fois quand on ne peut ( ou  ne veut) lui payer des études au-delà de 16 ans ;  il se place alors comme ouvrier agricole dans des fermes de maraichers du voisinage  jusqu’à son incorporation à l’armée en 1916  quand il a 18 ans . Blessé en 1918, il se retrouve prisonnier, ouvrier dans une ferme de Bavière : la fille du propriétaire s’éprend de lui et le poursuivra de lettres quand il sera rapatrié en 1919 (amusé, il   me montrera ces lettres passionnées)
    Son éducation  en tant que peintre commence  à l’Académie Jullian qu’il fréquente deux ans . Il paye ces études, de sa prime de démobilisation et d’une indemnité annuelle pour une incapacité partielle (de 20%) pour sa blessure aux poumons au Chemin des Dames. Après ces études, il fait quelques expositions de dessins et quelques ventes. Puis il décide de partir en Catalogne. Cette partie de carrière est aujourd'hui bien documentée. En province, loin de Paris, il entre dans un autre monde : celui de la province affichant son autorité et ses prétentions artistiques. Par son mariage avec la fille d’un architecte renommé, il   fréquente la bourgeoisie perpignanaise des arts, des affaires  et du commerce de résidences à décorer.  Grace à cette entrée, il se fait connaître, expose, vend et,  à l’occasion, fréquente une importante colonie d’artistes  de « l’Ecole » dite de Collioure. Où il rencontre les grands peintres du temps.  Le succès lui tend les bras et il est très en vue. Mais après six ans,  il divorce et se coupe du milieu  des élites locales argentées . En manque d’ouverture d’expositions et d’acheteurs, il quitte Perpignan, pour ouvrir et vivre d’un cabinet de photographies ( identités, mariages,  presses,  motifs pour cartes postales).  Alors qu’il a remonté la pente (son  activité à Collioure marche notamment grâce  à la valeur reconnue de ses photos sur la retraite républicaine espagnole et ses cartes postales éditées)  voici que1940  arrive ! Encore mobilisé dans la défense passive, il ne vend guère, la photo de famille ou de loisirs n’est plus un marché lucratif.
     Depuis plusieurs années, il rencontrait régulièrement, l’été, trois amies fréquentant la Cerdagne : toutes trois institutrices -dont deux sœurs- venant de Toulouse.  Il épousera plus tard l’une d’elles, qui est  la sœur ainée de ma mère. Ma tante, donc, non encore mariée, m’emmena passer mes vacances à Collioure ou  à Argelès pour le « bon air » ; (ma mère  restant auprès de son mari et de sa fille, ma cadette)!  Quand  fin 1942, les Allemands envahissent la région, il se marie et s’éloigne définitivement, renonçant à l’inspiration locale pour ses peintures ou  ses photos qu’il cache ou amène en son déménagement
     Il rejoint le logement de fonction de sa femme, institutrice de classe unique, dans un petit village en Haute Garonne, où il  sera connu comme  jardinier . En effet il cultive un très grand terrain attenant à l’école :il   vit en troc avec les paysans locaux : lait, fromages, œufs contre fruits et légumes de sa production. Il repart sur un nouveau style de peintures, de photos, et aussi -fait remarquable- de lectures se découvrant, dans sa solitude artistique, une passion pour les manuscrits anciens ou les auteurs   caustiques du passé , du Moyen Age (Rabelais, Montaigne, St Simon etc). Également il s’intéresse aux livres  sur  la culture asiatique en tant qu’érudit.  Mais il reste au courant des modes et suit les nouveautés parisiennes en littérature moderne. Que ce soit peintures, estampes, tapisseries alors peu à la mode ou musique moderne, atonale, jazz  etc… ou que ce soit les grands classiques du XXè,  P. Claudel, À. Gide, P. Valery,A. Camus et surtout Kafka ; il s’invente une culture personnelle, extrêmement  originale puisqu’il lit beaucoup, réfléchit en solitaire et vit  une sorte d’ascèse intellectuelle.   Il s ‘entoure de silence, d’autant qu’il est de nature peu volubile, y compris avec sa femme, ou ses  voisins, les paysans   qui apprécient sa discrétion et  sa connaissance du travail agricole .  Il est féru de musique et de documents sur l’Orient extrême : la Chine, Japon, Laos, etc. Dans le même temps, il reconstruit une   cercle d’amis dans la bourgeoisie toulousaine non conventionnelle, proche de lui pour son amour de la montagne qu’il pratique avec  eux. Il peint  dans un style nouveau, peu figuratif, inspiré de l’art de la décoration japonaise : lignes courbes ,épurées , simplicité des abstractions  ( les meilleurs  tableaux  de cette sont reproduits dans le livre de Tuban  et Forcada) ; il pratique les dessins  calligraphiques, les photos d’art de la nature ( neige, eau,  scènes paysannes, plantes et fleurs ou arbres aux formes originales) 
     Je l’ai connu à ce moment-clé, le fréquentant souvent, étudiant à Toulouse. Son scepticisme   manifesté de façon argumentée ,outre  un refus et une critique des illusions morales et béates  sur la nature humaine,  plaisaient à des jeunes gens révoltés par la société bourgeoise, triomphante dans les années  1960 . Sarcastique, dénigrant mais sans provocation tous les idéalismes, il était   bienveillant   à l’égard des  gens de condition modeste.  D’un port sévère, rarement souriant, silencieux mais pas bougon, ironique sur les codes de la morale et d’orgueil, il évitait les publics aux prétentions artistiques ou  littéraires  ronflantes. Cependant s’il expose à Paris, il ne vend guère.  A de rares occasions, il revoit son demi-frère musicien (violoniste à l’orchestre de Bordeaux),  avec qui il est en  bons termes   mais qui mourra  jeune  . C’est le seul membre de sa famille maternelle qu’il revoit. Je suis le seul « de la parentèle » qu’il supporte. Je le fréquente pour fuir l’ambiance de la faculté de Droit, alors fascisante au cours de la guerre d’Algérie et de ses retombées à Toulouse,  également pour fuir les conventions petites bourgeoises  de mon milieu (révolte adolescente ordinaire) ! Ses discussions et l’ouverture de sa bibliothèque de même que ses conseils, me furent bénéfiques pour me former une personnalité libre, outre un grand goût pour la lecture en tout genre. Aussi pour apprendre à lire vite, avec quelques notes au crayon en marge, pour fixer le souvenir ; et d’autres modes d’invention d’une personnalité. Il m’a appris aussi le contact  direct avec la « terre », un rapport quotidien  de deux heures au moins de marches, la haute montagne, le jardin, la contemplation etc
     Il poursuivra ce genre de vie de solitaire à Manosque où sa femme est nommée ; ils achètent un petit appartement avec vue sur la Durance, au pied de la   colline du Mont d’or, situé   non loin de la maison de Jean Giono ; il loue un jardin et commence à l’exploiter.  Il décèdera pourtant loin de là, frappé d’une crise cardiaque dans l’appartement de vacances prêté par mes parents   pour ses séjours à Banyuls qu’il affectionne. Il meurt quelques jours après l’hôpital. Il ne veut aucune cérémonie ni réunion intime ; il demande d’être enterré en anonyme dans la fosse commune.
      Il m’avait auparavant en quelque sorte « adopté »,, me désignant comme son légataire universel dont une trentaine de tableaux, sa bibliothèque de 300 ou 400 livres, d’art notamment et de littérature française « moderne »,  il m’ait fait lire  à 15 ans : Camus, Sartre   Malraux et surtout Gide ; ainsi que les nombreux poètes  publiés chez Seghers. Il me laisse aussi, outre son appartement, 300 photos de toute sorte, dont celles de cet album que je sors pour un dernier hommage à celui qui m’a formé intellectuellement, car je n’avais  qu'une faible culture personnelle. De plus,  il m’a donné le goût  de l’ascétisme de moyens, une sagesse  de la vieillesse   en quasi ermite qui est également mon choix personnel, en haute montagne, présentement.

      Beaucoup de « natures mortes », plantes aux formes originales, fleurs rares,   scènes de labour ou moissonnage, meules et animaux dans la nature.  Tous les objets décoratifs originaux, selon les normes de chaque milieu, sont photographiés s’ils correspondent à ses normes de beauté épurée, d’équilibre dans le décor et de légèreté. Ses sujets  ou ses paysages   sont sans détails superflus et manifestent une recherche de la simplicité  et de jeu avec la lumière.
    Tel est l’homme qui a traversé   trois-quarts de siècle en occupant toutes les positions dans l’échelle sociale.  Rejeté, repris, ré-abandonné, refaisant surface, il a pratiqué tous les milieux sociaux :la haute bourgeoisie parisienne des arts ou des lettres, les prolétaires des villes ou des champs, les petits artistes de grandes villes ou de la campagne ; il a fréquenté les Ecoles de peintures renommées ou les groupes avant-gardistes, des plus classiques ou des plus marginaux.    Je considère aujourd’hui que son point de vue sur les classes sociales est un des plus expérimentaux et « réfléchis » possibles ; ce qu’il m’a donné à voir, utile en sociologie, de son travail d’artiste ou de son style de vie, est une ouverture sur le monde, que rares, des  intellectuels de mon temps  ont pu  rencontrer.
     Je réfléchis à son mode de semi-retrait ou de silence, recherché ou non, dû à ses allers -retours au sein de la bourgeoisie   jusqu’au bas du monde agricole. Cela   lui donna une vision perçante, un œil acéré, à  double cible:   indigène nulle part et intégré  à rien,  sinon  en tant que pièce rajoutée, ici ou là, dans tel ou tel milieu, momentanément.   Ni misanthrope et encore moins philanthrope, un homme extrêmement   original dont l’itinéraire et l’indépendance de pensée me fascinèrent !   Pas grincheux pour les gens qu’il supportait, encore moins aigri, il pouvait être d’un humour dévastateur ou simplement ironique au sujet des prétentions sociales et des vanités mondaines de quelques-uns bien en vue. Surtout il était avare de son temps et de ses mots, se consacrant à une culture personnelle, travaillant ses photos, peintures et autres productions (dessins, esquisses, aquarelles, cailloux ou autres    objets naturels trouvés au hasard de ses promenades) ; bref une culture de la beauté visuelle simple, à affiner sans cesse. Je le vis régulièrement Toulouse pour mes vacances et mes W-E. Il m’encouragea à publier mes « poèmes « de jeunesse, » !! me fit lire sa riche bibliothèque, m’expliqua les estampes et dessins « chinois », l’équilibre de l’art japonais. Il m’a initié à une sagesse orientale (mais tout ceci, je ne l’ai compris 50 ans plus tard) et m’a fait aimer la musique éloignée, africaine ou d’Orient, le plaisir d’exposer chez soi de menus objets décoratifs qu’il achetait chez des collectionneurs d’art africain ou d’autres brocanteurs,  en avance sur son époque ! .
    Tout ceci paraîtra aujourd’hui complètement désuet et si décalé qu’il est un peu ridicule de le sortir de l’oubli. Un enfant de la bourgeoisie qui rejoint effectivement le peuple après deux aller-retours par choix et non par accident : c’est incompréhensible !  Voici une anomalie   qui se réalise   peu de fois dans un demi-siècle ! on justifiera , par-là,  son humanisme  discret, la qualité  humaine de ses photos  ou  celle de ses tableaux tardifs : l’Homme y est petit dans la nature mais immense  dans le cosmos ;  l’art populaire est un art  réaliste à part entière  mais on ne lui laisse pas le temps de s’exprimer  et de  conceptualiser   et autres de ses convictions .Voilà  ce que je  voulais  souligner  avant d’aborder quelques caractéristiques de  l’originalité de  ses photos du peuple,  de valeur artistique et informative indiscutable.

     La beauté des visages ( ce texte est en principe accompagné  de 5O photos choisies)


     une singularité pour un non photographe : Moros  a photographié le regard  surtout des enfants  arrivant dans les camps après avoir échappé à Franco:  peindre, surprendre ou imager le regard des autres est une gageure

    Une recherche de l’équilibre et de la beauté en soi : telle est la figure humaine d’une expression naturelle saisie au vol.  Même la tête animale   a une simplicité  biblique.  Le visage surpris par l’objectif recèle la tension, l’émotion, l’effort, la place du travailleur dans cette immensité : la plaine, la montagne, la mer, espace naturel où l’homme est petit, mais grand par sa situation de témoin réflexif
    La beauté des visages du peuple : pas simplement parce qu’ils sont « peuple », ni les visages burinés  parce qu’ils expriment le labeur collectif, pas plus  que la mère espagnole migrante avec son enfant dans ses bras  ne sont  que des  compositions  sur la douleur. Plutôt des réflexions sur « la condition humaine ».   De la Retirada, il a    donné des images si expressives qu’elles nous troublent encore :  visages de femmes réfugiées à la frontière dont   une photo qui a fait « le tour du monde » des musées, aussi saisissante que les patres grecs idéalisés ou les modèles féminins de la peinture de la Renaissance
     Moins connues étaient ses prises d’attitudes, ses « angles » de vue   inattendus d’enfants, de vieillards où personne ne pose évidemment :  tout sur le vif, sans être vu, que ce soit en ami ou acteur.  Danse avec le blé, le ballet autour de la batteuse ; danse avec les arbres quand 2 ou 3 bucherons écorchent le chêne, frappant à tour de rôle, ou encore la mer infinie qui fait danser le bateau de pêche.  La valeur du travail populaire est toujours   magnifiée, de manière non folklorique, encore moins touchante, mais avec la dureté et la précision du scalpel : précision et radicalité signifiante.  La beauté au quotidien des visages (ni corps ni têtes entières) mais plutôt la saisie d’un éclair du regard, une émotion, tension dans l’effort.  Le visage humain est beau à tout âge mais certains vieillards ou enfants saisis au hasard font voir des expressions ou gestes baroques (enfants au jeu) sous l’angle du « naturel » à l’insu . Même le joueur de boules a une posture originale sinon gracieuse, le chaisier également très concentré, ou le brocanteur ; et des animaux domestiques (hors chiens et chats, ici quasi absents).  Le simple quotidien ; le corps et l’outil ; le mouvement lent et réfléchi, la solitude à plusieurs, la chaîne du travail dans le marquage des animaux, la présence et l’aide des femmes lors du repas commun, la sieste etc.. De ces animaux   au travail ou la préparation du   repas, ou bien la sieste, toute une force se dégage : le mouvement, lent, posé, calme ou bien la solitude dans l’immensité de la mer ou de la campagne. La marche en montagne est rythmée par le cheval ; l’avancée silencieuse du groupe sur le sentier est conduite par le berger : en général homme qui œuvre seul, qui marche,  ou celui qui laboure, qui répare le filet. Le photographe est ascétique dans ses moyens d’expression, mais l’œil est acéré et décape la scène d’attributs secondaires

     La profondeur de la photo
    Groupes ou travailleurs isolés, l’horizon est toujours là, haut et puissant.  Du collectif, il se dégage un silence : le panoramique de montagne impose la sérénité au berger, comme à l’animal de trait qui, dans l’espace vide, se concentre sur l’effort.  Finalement l’homme est minuscule  sous l’horizon et le ciel est écrasant mais   il s’en dégage un équilibre, un apaisement, un sens de l‘adhésion consentie à la tâche, la concentration des travailleurs  séparés ou   assemblés.  Il y a, non pas une philosophie politique ou sociale, ni un esthétisme allogène, mais une sympathie avec l’aspect   routinier de la vie ; mais si lointain aujourd’hui qu’il nous parait exotique.  Le travail des autres, ceux qui nous nourrissent, qui entretiennent notre milieu, si discrètement que nous ne les voyons plus, ne les regardons plus travailler, et même quand, visibles, ils sont sous nos pieds dans la tranchée urbaine, ou en hauteur sur le bâtiment qui s’élève, ou au volant d’engins qui nous gênent mais qui  se « polluent »   d’abord eux-mêmes . Le corps est rarement entier, ni la tête complète, mais on ne décèle bien sûr aucune idéalisation, sauf    la force du regard et un certain ascétisme du décor    extérieur choisi :le tracé  de lignes choisies, droites  et des angles ou volumes simplifiés.  Ses paysages de neige, ses labours et ses moissons, toutes ses natures mortes sont des modèles d’équilibre, de facture soignée, recherchée. Les courbes et droites du sujet sont épurées. Et ses nombreuses fleurs, arbustes, plantes sauvages, arbre unique, sont saisissants par la force de la beauté simplifiée, naturelle.  Toutes les peintures de ses dernières productions obéissent à cette facture ascétique, sans fioritures.
    Les visages du peuple ou la profondeur de la scène commune sont une célébration du travail, plus qu’un jeu formaliste. Moros y fut attentif dans les années 30 et 40, plus que bien de   ses contemporains, il nous informe par les sens de l’expression visuelle au sujet des travailleurs de la terre ou de la mer, sans idéalisme militant, ni esthétisme particulier.  Il le montre dans cet échantillon d’une soixantaine de photos que j’ai choisies, dans les centaines qu’il m’a laissées. Le travail modeste   de l’artisan photographe, proche du populaire est en effet si oublié, si négligé, si occulté aujourd’hui que, pour être « moderne » , il paraîtra peut-être  ridicule de le ressortir, tant  il est   hors de notre temps.
    Cependant Moros et d’autres émules sont des témoins profonds pour nous-mêmes, notamment si la bourgeoisie les a rejetés hors des familles et des bâtardises.  A côté de lui, il existe de nombreux méconnus aux témoignages oubliés de leurs époques. Par deux fois il s’est placé du côté du peuple, ouvrier agricole anonyme, militant du soutien aux réfugiés espagnols, grâce à « l’image diffusée » et engagée ; un signe de sa vie. S’il fut un marginalisé comme beaucoup d’autres inconnus, il a parfaitement assumé.   On affirme cela en considérant   qu’il est « aller   mourir » dans ce pays de Cerdagne où il se sentit tant de fois renaître après son parcours accidenté. Néanmoins, les échos contemporains de son cri silencieux par des images si fortes nous saisissent encore aujourd’hui.
    Par exemple, celle de la vieille femme portant un fagot qui semble sortie du livre de Jaurès que je  cite  : « Elles rapportaient, non pas sur leurs épaules sur leur dos une charge  de verts rameaux. Et le vent  qui passait par le feuillage  éveillait, tout autour de la vieille paysanne  comme un vaste bruissement de la forêt ; mais elle n’entendait pas et cheminait  son pas automatique  sans comprendre  cette chanson  de rêve ».   La photo particulière  (page   ) pourrait être une de ses  légendes, illustrant  notre cécité, celle que soulignait Jaurès sensible au labeur du peuple.  
    Y a-t-il un art populaire, en soi, ou est-ce un sous-produit de l’art dominant et légitime ?  Les classes inférieures peuvent-elles créer un art à part entière ? Par exemple le soin apporté à l’élégance de quelques objets ou produits de l’activité quotidienne : le bâton sculpté de berger, la décoration d’une étable,l' arrangement d’instruments bien disposés, sont-ils là pour le plaisir de l’œil ? Moros le pensait mais c’est plus que cela : l’harmonie de quelques espaces ou formes d’ outils  est  une façon d’être, peu spéculative certes,   néanmoins c’est une façon de sentir autonome, une sensibilité bien réelle  par rapport aux critères dominants  conformistes ( gratuité du geste,  sans formalisme de règle  esthétique).  Dans La réalité du monde sensible, Jaurès ( titre de sa thèse) « d’emblée entend se démarquer   de tout idéalisme subjectif  et va à l’encontre  de la démarcation philosophique  qui affirme le sujet pensant pour s’en aller poser l’existence du monde »  ( cf C. Dupont  ). Alors  Jaurès déclare : «  Le travail humain appelle à soi, avec les vifs rayons de la lumière  d‘aujourd’hui , la force obscure de la lumière de jadis !Et le « geste auguste du semeur » ouvrant le cycle du blé que la houille achèvera , ne s’élargit  pas seulement aux horizons  visibles : il évoque  en outre maintenant, pour l‘accomplissement suprême de l’œuvre, les forces qui rayonnèrent dans les horizons du passé »   voilà ce que dit un philosophe à la cité »  ;  dans le beau texte :La houille et le blé,  la question de l’art du peuple selon Jaurès,  nous oriente vers un  esthétisme  où les classes basses ne pourraient l’exprimer  qu’avec de pauvres  moyens,  moins de force et d’audace  que les autres classes. Quand on avait discuté de cette déclaration de Jaurès  (qu’il trouvait un peu paternaliste et sentimental), Moros prétendait ,bien sûr, que le peuple a un sentiment inné du beau , une sensation  de l’esthétique, mais que c’est une erreur de croire  qu’il ne le théorise pas, qu’il ne sait pas le   formaliser, l’ enseigner et transmettre la beauté d’un bâton sculpté de berger, les fioritures des artisans bâtisseurs d’églises , ou  dans la décoration de telle masure, l’association choisie  de fleurs dans un jardin  de primeurs. Toutes   sont des manifestations  visibles des classes sociales basses, dans la production qui sont  aussi pensées que  d’  autres  intellectualismes. Néanmoins elles sont diffuses par manque de moyens de distribution refoulée ; telle était l’opinion de Moros qui, par ses photos, fait vivre ces opinions.  Moros pensait  que  Jaurès était  un protecteur ambigu  de morales  esthétiques et qu’il y avait, en soi et de manière suffisante,  une  recherche de beauté évidente  parce qu’il existe  des attitudes , des postures,  des mouvements,  une plastique chez tous les travailleurs du blé ou de la houille, de la mer ou de la forêt, qui ont valeur  esthétique; ne serait-ce que pour ceux qui   vivent  la sensation de l’immensité du ciel ou de l’horizon,  là où le labeur se déroule,  ainsi que le sentiment que le travail est tout, sauf une solitude et un isolement, mais  un   geste collectif, une relation  réussie et riche aux autres. Chacune de ses photos, qui réclame notre attention, fait surgir la dimension de l’homme dans l’espace, vide ou panoramique, et la force harmonieuse du groupe. « L’art du peuple », senti par et exprimé par le « peuple », serait moins connu parce qu’il n’a pas les moyens et l’ambition de diffusion d’autres expressions.  C’est tout, mais ce n’est pas une différence de nature, ni une réhabilitation et il n’y a pas réelle compétition.   Ce sont la non fréquentation, le non partage des conditions de vie qui nous empêchent de voir un art et une force,   telles que la solitude dans l’immensité  ou l’association de  groupes dans le labeur quotidien.  Sa photo est plus que tout autre, un raisonnement esthétique, sinon philosophique, une élaboration venue de sa réflexion et de sa longue observation (il passait beaucoup de temps à contempler un éventuel « sujet » avant de le « travailler » avec l’appareil de photo).  Il a ainsi développé un regard sociologique de manière aigüe et il nous encourage à le suivre dans cette voie. Tel est l’objet de cet album.
    Histoire des photographies   d’un homme sans patrie et sans frontières
      L’homme qui  a pris deux fois l’ascenseur social ,à la montée et à la descente,  fut un  enfant de la haute bourgeoise  artistique  d’affaires qui  ne le reconnait pas, puis  qui le « récupère »,  mais alors il  redescend  ouvrier agricole à 16 ans ;  pourtant il remonte  la pente en intégrant à Perpignan la bourgeoisie locale mais il  redescend dans une semi pauvreté pendant  la guerre  de 39-45.Il a su développer  un œil social exceptionnel , un regard acéré dur les classes sociales quand il décide de vivre en autarcie, sur le salaire de sa femme, institutrice à Manosque en fin de carrière, originaire des classes moyennes  assez ouvertes   pour accepter qu’il vive aux crochets de sa femme. Photographe et peintre indépendant, à partir de 1950, il ne vend plus et ne fréquente guère les musées ; à la fin, un peu les librairies mais il reste en contact avec des cercles d’amateurs bourgeois parisiens, des amis non conventionnels comme lui. Il est devenu une sorte de moine ascétique, bibliophile qui lisait Montaigne dans le texte original en s’aidant d’un dictionnaire de vieux français et lisait les Mémorialistes acides comme Saint Simon, ou d’autres au regard dévastateur. Il démystifiait tous les discours humanistes convenus. Il s’affichait antireligieux mais pas anticlérical, apolitique complexe : bref  une personnalité fascinante  d’un scepticisme absolu sur la nature humaine, riche  et utile pour les jeunes gens de ma génération  portés à un idéalisme  que l’époque  (guerre d’Algérie, post-colonialisme)  allait désillusionner .Par contre il fut très intéressé par Mai 68 qu’il regarda de loin mais intensément en recherchant les meilleures photos. Une personnalité hors-pair qui marquait les gens qui le rencontraient et qui appréciaient son esprit acerbe et décapant.
    Pourtant c’est à travers ce scepticisme et ce décalage qu’on se doit  de construire  un regard sociologique lucide  et acéré


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  • Choses  vues au rond-point  de La Mure  et ailleurs
    Les deux mouvements ( mai 68 et déc 2018) se ressemblent : alliance de populations étonnante, une tendance à la démocratie directe inattendue (pour celui qui a vécu les deux époques) mais ils sont dissemblables par les  âges et le style de participation .Je vais tenter de les rapprocher
    Pour  entrer dans « l’Histoire » et avoir une influence, tout mouvement social doit inventer une composition de populations originales et diverses ; il doit être composite. La composition en 2018, est  un dosage  explosif   comme en Chimie  (acides, détonateur et solution de base  avec milieu et température favorables) est inédite.  Les grands mouvements sociaux comme la Révolution 89 ou de 1848, la Résistance de 40 à 45, la lutte contre la guerre d’Algérie et la pratique ordinaire de la torture, réussirent partiellement parce qu’ils furent des mélanges de classes, aux conditions matérielles et idéologiques non homogènes réunis par hasard, un soir de ras le bol,  et tout d’un coup « ça marche »
    Ici j’ai vu trois barrages, dans une région des populations intéressantes, diversifiées, avec des gens ordinaires, silencieux en temps habituel ; pas des prolos en difficultés mais des petites gens, employés secteur privé, fonctionnaires, cadres moyens et agents de service, qualifiés administratifs, temporaires, intérimaires, artisans, travailleurs qualifiés et quelques petits bourgeois. Quelques jeunes mais surtout des gens mûrs et posés ; pas de tête brulée. La moyenne d’âge est de 40 ans .  S’il y a peu d’ouvriers, ils expriment leur sympathie au filtrage : (klaxon de routiers, salut de voitures d’entreprise   etc..).Par   ailleurs, la population voisine offre  un soutien (dons en espèces, boissons,  aliments, planches, bois de chauffages)
    Le plus captivant dans cette foule composite- rarement vue- est que cette combinaison fonctionne sans jalousie interne de gens qui seraient en situation difficile mais, paradoxalement pas dramatique, (ici petite ville, il y a des parents, des amis, du travail au noir en tous genres …) . Pas d’exclus, pas de déchéances complètes, pas de marginaux, pas de paumés, pas d’alcool.  Une tenue morale étonnante dans des conditions presque « sauvages » : vie dehors en permanence, y compris la nuit. Selon mon impression,  ce qui les  réunit est  une colère et pas simplement un désarroi : le sentiment du déclin général … Tout d’un coup « on n’y arrive plus » ! La « cata » : car il n’était pas prévu que leurs enfants seraient moins bien lotis qu’eux-mêmes, qu’après avoir tant travaillé pour les aider et en croyant que pousser les enfants à l’école était justifié ; ils pensaient que leurs enfants franchiraient la barrière de l’aisance et d’une vie sans trop de soucis matériels… Et puis :  c’est le chômage qui pointe, les petits boulots instables ! Pas prévu qu’on se serre la ceinture pour des miettes ; et pas prévu qu’il n’y aurait pas d’espoir, même pour leurs petits-enfants.  Le rapport intergénérationnel alors est désespérant ; se maintenir avec peine ou    un déclin aigu ! Ils ont beaucoup attendu, espéré de Chirac puis cru en Sarko et enfin cerise sur le gâteau, on fait confiance à  Hollande et  même résultat : des promesses et rien et même chaque fois, c’est pire. Donc un mélange détonant de déçus où la conscience du déclin est généralisée, on ne voit rien venir :« on est dans le brouillard !! »
    Alors, on se serre les coudes à un rond-point quelconque, on se réchauffe au feu de l’amitié improvisée.  Avec une simplicité étonnante et une fraternité improvisée. Comme il y a 50 ans, je sens une ambiance style 68 (mais sans enseignants, ni les étudiants) chez des quinquas rangés et raisonnables. Bref j’ai vu des gens âgés qui découvraient l’action collective avec émerveillement : cad les relations directes humaines, chaudes, sans façons, simples, tournées vers l’action immédiate et l’efficacité (l’invention du  slogan on « bloque » tout  !) . Conséquence pour moi, observateur professionnel : un choc heureux ! mais je dois revoir mes classiques : changer de boussole et de paradigme de mon analyse des classes sociales au cours de deux siècles d’analyse marxiste efficaces pour comprendre les différences et les actions ;et alors c’est fini, ça. Marx est bien mort et aussi les « analyses » simplistes « lutte de classes » du genre, partis de gauche ou syndicats dits révolutionnaires. Ce constat est aussi  vrai de  l’impuissance de catégories fines du genre  soi-disant CSP ou d’ autres  classements administratifs de différenciation de  groupes sociaux.  Il vaut mieux couper en deux, la population française. On a deux grands groupes : les pauvres, les riches ….et les autres, entre les deux, ou ailleurs  à l’étranger par exemple mais ils pèsent sur notre économie. La frontière est   simple et claire 
     Le schéma de la discrimination sociale est, pour une famille de 4 personnes parents et 2 enfants,  la frontière engendrée par  le fait  de vivre   avec 2000 euros/ mois. Là c’est être pauvre . Impossible  de  l’ignorer, de l’éviter aujourd’hui avec cette conso qui nous harcèle, qui expose avec insolence ceux qui se gavent ;  le luxe étalé partout, le penchant des médias  à flatter la richesse  arrogante qui   encensent les millionnaires,  lesquels exposent   avec insolence leur  gaspillage   à la mode écologiste; prêcher  des économies   pour les autre dans   un étalage ahurissant de richesses, une publicité  exacerbée, ,  les multi-logements, les boutiques , les achats d’art , les jets privés. On n’échappe pas à cette propagande qui pousse à la consommation corruptrice, et donc il faut s’endetter. Car ça rend déshonorant de ne pas en être, de ne pas suivre la pression du milieu, transmise par les enfants dans les loisirs, à l’école, dans les clubs.  Impression d’être largué et mis à l’écart, banni et sans espoir.
     Le nouvel événement  est cet écrasement des classes moyennes. Coincées entre deux blocs  les pauvres et les riches  qui sont au dessus ou ailleurs , des extra-terrestres pour chacun de nous :  les archi milliardaires  qui tiennent tous les fils de l’économie (et celui de la toute-puissance militaire) et qui font la politique en coulisses  avec des  serviteurs stipendiés. Ils sont inconcevables pour nos consciences de petits bourgeois que le « peuple » ne peut même les imaginer
    Être riche aujourd’hui par contre, c’est avoir au minimum 4000 euros/ mois pour 4 personnes, en étant proprio de son logement : ça c’est un luxe que la population n’entrevoit plus avant. La plupart   de ces riches naviguent avec 5 ou 6000 euros/mois. Parmi eux, une partie mal connue circule entre les deux :pauvres/riches, Elle navigue entre  deux eaux,  en essayant  de rendre service aux millionnaires  et servent  de prête-noms,  de pions et de caches. Ils sont les larbins dans une collaboration impossible à concevoir si on ne les approche pas ; ils dépendent entièrement des riches ; comme les magazines « people » le suggèrent. C’est devenu un métier : larbin et jouer l’esbrouffe ! Leurs revenus varient fortement : au moins un million de foyers) sont des esclaves de riches, vivent   en dessous de table. Ils participent au moral des classes supérieures, Ils assurent l’entretien des grands capitalistes et sont les serviteurs des rentiers et de ceux qui « n’existeraient » pas sans le travail du peuple, eux qui exploitent de loin par la spéculation , le blanchiment  de affaires douteuses. 
    Mais il y a encore  et davantage une autre planète : ceux qui ne comptent pas , aux revenus  entre 100 000/ et 400 000 par mois pour 3 ou 4 personnes. Ils sont plus nombreux qu’on ne pense. La France et un des pays les plus riches du monde ( en 6è place) . Gros industriels, « Boursiers », qu’on ne voit jamais etc. Tous   vivent ailleurs, bien cachés, paradis fiscaux ou autres planques :  gros industriels,  spéculateurs, affairistes, artistes ,dirigeants des grands groupes (GAFA). Probablement cinq cent mille personnes sans compter leurs dépendants (gestionnaires-valets, journalistes laquais, auteurs, avocats,  conseillers, communicants ). Ils  détiennent plus de la moitié des richesses françaises mais ils restent inconnus, sinon  par quelques scandales ponctuels  et révélations insolentes pour le peuple ( J. Halliday) . Ils font les élections, choisissent les Présidents, soutiennent tel ou tel parti, subventionnent tel hobby ou groupe de pression pour un quelconque vote . Ce sont eux qui, des coulisses, dirigent la France par personnel  interposé : élus, députés, maires de grandes villes les professionnels de la politique qu’ils entretiennent, leurs partis qu’ils subventionnent, les télés et radios qu’ils achetèrent   et la presse   qu’ils détiennent. Aucun média n’est libre aujourd’hui même pas les écolos ou l’extrême gauche sans parler du reste !
    La vie au rond-point
    Improviser une vie en commun -repas, garde la nuit, veille au point crucial, évitement d’accident ou incident- n’est pas habituel pour des gens de 35 à 55 ans du moins ceux que j’ai vus .Et pourtant ça marche, alors qu’on nous avait fait croire que nous étions tous d’irréductibles individualistes, des citoyens  indifférents ; un peuple d’égoïstes ! Or, on voit l’inverse :  la solidarité, la fraternité. Un pacifisme certain : pas de violences ; pas en compagnie de cris de colère, pas d’hystérie   mais au contraire le sang-froid, la tranquillité, le calme au bord de la route et quand quelqu’un manifeste sa colère, un conducteur, on ne l’agresse pas ;on  reste poli  avec lui.  Le partage de la nourriture, est symbolique, fraternelle ; on use des dons alimentaires et on « cuisine » un peu. C’est propre : pas de déchets abandonnés, pas de désordre   dans la cantine attenante à la « cabane » de garde. On mange debout dans la bonne humeur et les blagues. Puis on range les provisions et on évacue les couverts jetables dans des containers ad hoc.J’ai été impressionné par cette différence avec Mai 68. Là c’était le « bordel », le « je m’en foutisme » et la saleté ! on la laissait aux femmes de ménage des Facs… qu’on ne « voyait » pas d’ailleurs !! On était au-dessus, nous « étudiants aisés », révolutionnaires gâtés !
    La discussion interne, au bord de la route, toujours ouverte,  dans le rejet de l’autorité hiérarchique , représente le  côté positif :le rejet  de l’expert  imbu , le soi-disant  spécialiste invité dans les médias à longueur de journée, pour interdire la parole du peuple. Avec leurs employeurs, ces disant informés, complices avec les journalistes, les chefs de la pensée, les spécialistes auto-proclamés.   Ici au rond-point, pas de directions, ni de hiérarchies, pas des leaders d’opinion comme en Mai 68, ; on se tient à l’écart du gavage des machines de l’information en continu qui  nous saoule de fausses interviewes spontanées d’envoyés spéciaux qui choisissent bien  leur cible pour passer leur message. Eux,  qui ont fait Sciences Po ! manquent   totalement d’humour. Ils nous prennent  carrément pour des  imbéciles en commentant les événements: par exemple, ils ont repris  les chiffres officiels  de « manifestants » que le Ministère de l’intérieur leur jette  comme un os à ronger.  ils reprennent les chiffres exacts des manifs, à l’unité près, obéissants, alors qu’ils honteusement sous-évalués   Tout doit être compté » par un Etat – Dieu le Père : tel jour   en France 56789 manifestants…  et moi et moi !! Le ridicule de ces chiffrages devrait interpeller les fanas  de l’info  en continu. Que dire, sans rire, quand E. Philippe invite 8 porte parole ;  un vient à moitié (deux minutes ) et s’en va, l’autre, on le voit pas (absent, clandestin, fictif ?) comment on calcule alors : un est venu ?  un et demi ?  ou 0,5  porte-parole. Les perroquets des infos  sont humiliés par  leurs employeurs, et t ces journalistes triés sur le volet plient l’échine renonçant à leurs propres opinions. Qui peut compter, à l’unité près, le passant et le curieux, le demi-convaincu et le manifestant engagé, celui qui ne fait que regarder et celui qui va rester, celui qui se glisse là par hasard ou le convaincu ?  Comment compter ceux qui sont des infiltrés des RG , des touristes,  des habitants de la rue. ? Quelles sommes de comique on pourrait faire avec ces pataquès  des comptages ou des faux savoirs
    On comprend alors les GJ  « :Pas de chefs , pas de « structure » donc ….!
    Ah ! cette structure, celle du parti « organisé », ça obsède les médias de Paris et même les journalistes régionaux ; ça affole les fabricants de l’opinion qui nous bourrent du mythe du chef nécessaire.   « Si pas de chef, pas de mouvement « ! disent les journalistes obéissants, enfants des bourgeois dominants pendant 50 ans dans la représentation républicaine ; « la démocratie c’est nous ! .. On ne va pas recevoir une leçon de ce petit peuple sympa certes mais emmerdant à la longue, du bas- côté de la route ». Et  pourtant quelle claque en 3 semaines, ils ont prise, dans ce nouveau paysage ! Ils pleurent :« donnez-nous des représentants, des chefs, qu’on puisse négocier avec eux ».  Fabriquer parmi eux des futurs traitres, les corrompre, en faire enfin de nouveaux Daniel Cohn-Bendit : un monstre d’opportunisme et cynisme (j’ai connu son frère aîné qui racontait des vertes et des pas mûres  sur ce futur chef apte à tous les reniements) ; voilà notre fonction,  disent les médias !!
     Bref, ce refus « des chefs de passage qui veulent rester à  vie »,  est une nouveauté  passionnante dans un essai de démocratie directe, un essai à réfléchir.  Pas de correspondants fixes, donc, au bord de la route mais un égalitarisme du barrage ; division des taches informelle sans ordres ni commandants ; bonne humeur. Que des choses enthousiasmantes ! Ici au rond-point refus de protocoles de réunions ; refus du formalisme en association, refus de la politique droite/ gauche avec règles, statuts, ordre du jour, inscrits et encartés. Tout ce qui avait fait 80 ans de politique y compris à gauche et extrême gauche est balayé. . Refus des castes internes, et de hiérarchies ; refus des corps intermédiaires : syndicats, associations et partis organisés. C’est scandaleux pour les  politicards, les carriéristes , ce refus  de chefs officiels  permanents. Il faudra que le referendum à I C réfléchisse   à éliminer tout ce qui a fait la république bureaucratique sur un siècle : des professionnels qui commencent à 18 ans une « carrière » et qui veulent vivre 60 ans de ça ; une vie d’élu à vie qui ont tous la même origine, le même parcours universitaire, le même manque de connaissance de la vie économique. De temps en temps que l’élu revienne dans le monde réel en prenant une place dans la production.   Et que la Chambre de députés soit constituée de tous le milieu économique, de tous les âges de la société réelle.
    Pas de porte-parole fixe, donc, au bord de la route  mais égalitarisme; division des taches informelle, sans ordres ni commandants ; bonne humeur. Que des choses attirantes ! Ici au rond-point refus de protocoles de réunions ; refus du formalisme en association, refus de la politique droite/ gauche avec règles, statuts, ordre du jour, inscrits et encartés. Tout ce qui avait fait 80 ans de politique y compris gauche et extrême gauche. Refus des castes internes, et de hiérarchies ; refus des corps intermédiaires : syndicats, associations et partis organisés. C’est  très scandaleux pour les  politicards, les carriéristes : pas de chefs ,ni de porte-parole , ni de représentants  officiels : tout ce qui a fait la république bureaucratique sur un siècle :balayé !!.On veut la simplicité et l’égalité des rapports dans l’action ; seule l’efficacité immédiate ;pas de plan au-delà de 2 ou3 jours ;pas  d’ordres du jour.  Egalitarisme sur le barrage de la route comme sur le chantier : une communauté de travail le phalanstère de Fourier   bien connu dans la région.
    Le rond-point comme symbole
      Le choix politique du rond-point est une belle image ! Pas de chaires et de tribunes, pas des gens en haut et d’autres en bas !  Rien à voir avec le Forum Romain ou l’Agora grecque.  Pas des gradins avec niveaux supérieurs/inferieurs ; que des citoyens sur le même plan. Celui qui tient les routes tient le pays. Quel sens de la tactique non violente à fort rendement, à forte visibilité, que cette image du rond, là où toutes les routes convergent. Image de la réunion pacifique de la circulation des idées  qui restera dans l’Histoire . En tout cas, ce geste   est dévastateur pour le « Macroléon le petit » car l’Europe et le monde voient ce terrible désaveu de l’élection présidentielle minoritaire en participation .  « Vous nous empêchez de vivre   correctement ; alors nous on vous filtre et on vous ralentit pour discuter à égalité, à plat ».
     Je ne parle pas du   flair   des GJ sur les événements qui puent la provoc. Car pour discréditer, on envoie immédiatement des pros de la casse ; évident  qu’il y a chez les  casseurs, des infiltrés de la police et des  jeunes indics payés , des jeunes gens tenus par leur casier .Depuis 60 ans c'est banal  pour faire condamner par l'opinion ; pour retourner la sympathie  populaire . Banal en 68, 95  etc . Beaucoup d’entre nous attendions le pire après l’échec des casseurs pour dégrader le mouvement. «  Normal » ; fabriquer un terroriste et l’assassiner  3  jours après : déjà vu à Toulouse, à Paris etc.  Et surtout 30 balles dans le corps pour pas que, vivant, il parle à la justice et aux autres polices, les légales, pas les parallèles ou secrètes.  Pendant la guerre en Algérie nous avons vu, fait ça pour gagner l’opinion horrifiée. Ça rappelle 50 ans d’histoire, sinistre. Par contre aujourd’hui, il y a eu en général dans le pays une lucidité nouvelle, instinctive,  des réactions de bon sens ;  les GJ qui n’ont pas marché et ont été suivis par la Nation
     Une autre nouveauté surprenante :la guerre des lycéens
    La guerre   menées par des lycéens (Le conflit entre les Lycées et la police est ouvert depuis l’affaire de Mantes la jolie Les informations que je tiens viennent d’un collègue ami qui a assisté à plusieurs manifs à Marseille :MEM Cf. son interview dans la Provence du  14 déc) je livre des  conclusions à retirer de la détermination et de la volonté des lycéens  de s’exprimer sur leur avenir. Et sur la violence des interventions policières à leur égard, ils ont beaucoup à dire. Les Lycéens en ont pris plein la gueule mais ils ont su se protéger et se défendre : ça c’est une attitude nouvelle, un savoir-faire inédit, une étrange « expérience » que cette organisation de défense  contre la violence,  dans  la guerre des flics  à leur encontre.  Il  y a là une expérience qui ne se perdra pas ; des tactiques de guérilla  ont été apprises et des matériels  ont  été réuni (armes de jet, matériel de protection, pharmacie, mobilité extrême). Au début, surpris, les lycéens n’ont pas compris cette haine et ils ont répondu  à l’étonnement général  à près partout  de la même manière :très combative et très courageuse. Que s’est -il passé dans les Lycées depuis 4 ou 5 ans ? Je ne sais pas ; un essai formidablement novateur d’apprentissage de la bataille  de rue , de fuite et de retour par l’arrière, de  barricades avec du matériel prévu à l’avance, de  ruses de faux retrait et de réapparition avec concentration rapide; une organisation de la  communications entre eux ( via les portables) qu’on n’aurait pas dit possible si on ne le voit pas.  Bref tout un « métier  : préparation, masques, foulards , pharmacie contre les gaz lacrymo, contre les flash balls très durs à encaisser, les blessés à soigner   avec un équipement  de premiers  soins ; ce qui montre leur inventivité et aussi leur « longue expérience »  de manifs  qui durent depuis 4 ou 5 ans !!Il faut saluer leur courage


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  •  Dormir dehors
    Selon Thoreau, marcher en forêt c’est désobéir (Rousseau le grand marcheur le pensait aussi).
     Pour moi dormir à la belle étoile quel que soit le temps c’est aussi ne pas obéir  aux lois de conformisme, des  conventions et  des contraintes du besoin de confort. Pas besoin d’aller dans le Massachusetts ou dans les forêts de  Sibérie… pour  sortir  des sentiers battus  et des excès du  modernisme
    Ne pas obéir   compense et justifie  le  refus de la protection artificielle des villes, de la chaleur de sa maison et le refus  de   se sentir  mouton, noyé  dans la masse de la foule anonyme.  Dormir dehors  signifie une perception très différente de la nature, du monde  minéral ou vivant.  Cela commence   dans l’enfance par  apprivoiser  les bruits étranges nocturnes,  par  retourner la peur du noir en  amitié solide avec l’obscurité, par  rencontrer peut-être sans les craindre,  nos fantômes intérieurs. En dormant dehors, on maîtrise quelques heures son destin  loin des horaires et contraintes des « effrois » de notre temps. Il y a longtemps que je pris cette habitude  pour me débarrasser des miasmes de la civilisation  organisée jusqu’aux minuscules détails de notre vie. C’est pour ce genre d’éducation, qu’adepte régulier de cette pratique, j’y mène souvent mes enfants ….ou des amis curieux de cet univers inconnu qu’est la nature, la nuit.  Tout s’y transforme : des bruits aux perceptions  des couleurs du soir  ou du matin, et bien sûr la meilleure connaissance de la vie sauvage, celle des animaux
    Sortir la nuit  de chez soi, c’est  sortir de soi, de la protection artificielle de la civilisation :  c’est penser librement. La situation nocturne  y convie .Partir seul à l’aventure dans un coin  peu habité,  voire désert,  c’est se consacrer à l’essentiel ; construire ou aménager son abri improvisé, faire un feu pour  cuire son repas (notamment si on a pris quelque poisson avant) .  Partir la nuit hors de chez soi  c’est   aussi  s’enraciner dans la  vie organique ;  c’est fonctionner auprès  des arbres, élément essentiel  de la protection  de l’humanité dès ses débuts. Pour moi  les arbres me  protègent de la pluie  ou de la rosée,   m’octroie le bois pour le feu ,  me donnent  le droit accrocher mon hamac (je suis partisan de ce couchage depuis que j’en pris l’habitude chez les Indiens d’Amazonie ;un  hamac bien choisi protégeait de l’humidité et des animaux rampants  en forêt équatorienne ). La nuit, ici,  dans un endroit totalement isolé me donne la possibilité de  renouer avec mon passé. En général je choisis la montagne, les bords des lacs ou des rivières,  ou encore les cabanes de pierres sèches des bergers du Causse : là où on ne rencontrera personne.  Bien choisir son arbre, comme Brassens le dit,  est essentiel : on doit calculer une distance correcte pour la suspension, l’orientation et la solidité   du hamac! Tout un symbole : l’arbre a été l’ami de Henry Thoreau, celui de Sylvain Tesson en Sibérie aussi. Le bois  représente  tout dans la mythologie des gens de la nature, des marcheurs ; il sert à toutes sortes d’usage sans parler des fruits : bois de construction, bois des vaisseaux   afin de traverser les mers,  bois de chauffage. Le foyer  de la grotte préhistorique  jusqu’à  la maison protectrice ont été alimentés par lui pendant  des millénaires. Il est aussi la protection contre le vent, atténue la pluie ;  il parle à travers ses branches sous le vent ; il se plaint, gémit ou adoucit la violence de la bourrasque
    Donc  d’abord toucher l’arbre, obtenir sa confiance, accrocher nos affaires   lui  laisser le temps de se familiariser  avec l’intrus que nous sommes.  Lui qui va nous balancer au gré de la brise,  fait admirer  son fut et ses bouquets de branches qui,  vus du bas, couché à leur  pied,  nous transmettent  sa force,  son éternité au-dessus de nous, loin  du sol
     Ordre des taches vitales
    1) Nettoyer  d’abord  l’endroit choisi des déchets de la civilisation de loisirs  et de ses  pollutions de la part de promeneurs  ou des touristes peu responsables
    2) Ranger ses affaires, prendre ses marques d’un soir ; préparer du bois pour le  feu , se baigner ou  trouver un bon endroit de  pêche  particulièrement si on a emmené son canoë  gonflable
    3)  Puis explorer les alentours ; écouter la rivière,  admirer la voûte céleste et vérifier  si la « belle étoile »  est  arrivée,
     4) En partant laisser la place intacte; notamment remettre les pierres qui ont servi au foyer à leur place initiale, recouvrir les cendres de terre et de feuilles ; n’abandonner aucune des traces de son passage  que le temps  serait chargé d’effacer : la nature n’est pas faite pour notre service ; c’est l’inverse
    Une nuit dehors : on ne s’ennuie pas ; au contraire. Mais  à notre époque, on n’écoute pas  ce message; ici, pourtant,  on peut  reprendre possession de soi-même et retrouver le sens du silence. Non qu’il n’y ait pas de bruit la nuit.  Au contraire, il y en a de multiples : arbres qui « parlent » au gré du  vent,   l’eau   tumultueuse du torrent ou  les  animaux nocturnes qui s’appellent  .Le tout  a une sonorité singulière, selon la situation  géographique  ou la saison ; une autre musique, douce ou colérique. On ressent l’histoire des hommes qui depuis des éternités  vivaient  là  et qui eux  respectaient la nature nourricière.  Les arbres qui vont soutenir mon hamac   sont mes deux piliers de cette régénération. Chaque fibre, chaque branche  s’élance   à cette recherche  de liberté. C’est pourquoi je noue une relation  particulière avec  eux . A passer  des  nuits dehors, je retrouve le goût de marcher pied nus, ce que je ne peux faire en ville ;  je choisis  là  un mode  de circulation  dont j’use régulièrement dans la vie quotidienne, chez moi dans mon jardin  et  en  tous terrains. On ressent directement notre lien avec le minéral, la solidité de la terre qui nous supporte.  Le contact fréquent avec le sol  que j’apprends à mes enfants  est une nécessité   organique    afin de  se sentir en accord avec son environnement matériel
    4  Ne pas oublier de contempler le coucher du soleil, de se laver  au torrent. Et le faire  également  au sens figuré, afin de se laver de toutes les fausses obligations, les artifices et  les  occupations oiseuses imposées par notre société.  Cela permet d’   établir  à l’occasion une autre relation humaine avec  d’autres solitaires. Quand   on rencontre le berger  avec ses moutons, le pêcheur et ses truites,  le ramasseur et ses champignons,  on noue un rapport simple et authentique  puisqu’ils sont amateurs et   connaisseurs de la  nature nourricière  que nous respectons  ensemble
    Une  autre relation humaine de qualité
    Si j’ai  emporté un livre de Thoreau   je le lis à  l’aide  de ma frontale ; alors, je ressens les mêmes sensations exprimées dans  sa Bible : « Désobéir »  (Cf  p 106) qui est une Ode à  la forêt.  La sauvegarde du monde   implique la préservation de cette nature sauvage dit-il : 
    « Je  pénètre dans la forêt   comme dans un lieu saint ;  c’est là que se trouve la vigueur,  la moelle de la Nature  La préservation des animaux sauvages suppose la création  d’une forêt pour qu’ils puissent y  demeurer  ou s’y retirer. Il en va  de même pour l’homme. Il  y a cent ans  on vendait dans nos rues de écorces prélevées  sur les troncs de nos arbres et autres plantes médicinales… Je crois  en la forêt, en la prairie,  et en la nuit  qui voit pousser le grain (p100).. Le voyageur  peut  fort bien s’étendre  dans les bois la nuit presque partout  en Amérique du Nord .Il y a quelque chose  dans l’air qu’on respire en montagne  qui nourrit  l’esprit et  l’inspire » p 97.
     A mon retour dans la « civilisation », je vois  la société  d’une autre manière : plus miséricordieuse, plus compréhensive  et  je suis plus tolérant à son égard. Ceux qui pratiquent ces bases fraternelles  entretiennent  et font survivre le respect  de la Nature  font comme moi. Car nous sommes plus nombreux qu’on le croit  à exercer cette  démarche,  non de retrait égoïste et de refus de la société, mais  de recherche d’un meilleur rapport  à la société à travers une relation profonde  avec notre mère : la terre. Donc  j’envoie ce signal à tous ceux qui n’ont jamais essayé  et qui vont le  tenter .Partager  cette Renaissance et se ressourcer : ce pas de côté, dans les horaires et contraintes de la vie quotidienne,  est une  source  de  résistance  face  à  la société quand on la trouve  parfois    trop conformiste  ou envahissante .
    Alors... ce que je viens de raconter n’est pas une histoire à dormir debout, mais simplement un  geste  de  bonne  santé et d’équilibre mental que tout un chacun peut pratiquer à l’abri   du regard des curieux,  des pulsions de l’exhibition ou de la  grande absence de  modestie ; choses  si  banales  chez nos contemporains  .Je suis jaloux de ma liberté  et je  n’en parle qu’à mes très proches ; je n’aurais pas  confié mes réflexions  si mon père - qui connaît la chose  et  l’a pratiquée - ne m’y avait invité. C’est pourquoi  je  n’écris ce témoignage qu’à l’adresse du petit nombre de personnes, celles qui sont aptes à comprendre : bien sûr mes familiers et   quelques amis intimes  qui, eux,  ont saisi le sens profond de l’acte de  dormir dehors   : Alors Bonne Nuit !
    Doc 
    La chanson de Brassens est « auprès de mon arbre,je vivais heureux »
    Les deux livres  de Thoreau :Désobéir  et de S. Tesson dans les forets de Sibérie sont édités en livre de poche


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